Un sang d'encre !
Je vais mal !
Ne feignez pas de l’ignorer. Vous le savez très bien. Mais bien évidemment, plutôt crever la bouche ouverte que d’admettre que vous vous en souciez. Vous avez bien raison. En apparence du moins. Car je ne manquerai pas de vous le faire payer cher, très cher, à partir du moment où j’irai mieux. Vous avez de la marge : ce n’est pas pour demain.
Je vais mal, donc, je disais. A tel point que j’ai cessé d’aller voir ma psy, la docteur Schneider, qui est à mon équilibre mental ce que le mascara est au mascarpone. Mise à part un jeu de mots risqué, rien. Alors, ne tentez pas cette expression lors de vos soirées mondaines hasardeuses, j’allais dire désastreuses. Elles ne le sont probablement pas, pourtant je vous le souhaite.
Vous êtes ébahis. Car vous vous êtes toujours imaginé que j’étais un demi-dieu. Vous n’êtes pas loin de la réalité. En vous fréquentant, vous tous qui êtes derrière pendant que je suis Moi Devant avec mes chaussures rouges, je divinise. Mais pour l’instant, au risque de vous décevoir : je suis fait de chair et d’os. Et je saigne. Je suis comme vous : j’ai une carte bancaire, et j’ai besoin de faire du shopping. La hausse des prix ne m’impressionne pas : je continue à acheter chez Auchan ou Cora. De préférence au Super U quand même. Et je fais le plein de carburant. Je me brosse les dents matin et soir, et je vais chez le coiffeur une fois par mois.
Bon enfin, je parle et je parle. Du coup, je m’oublie. Et j’ai la désagréable sensation d’aller mieux. Quelle horreur.
Avant que je ne meure, sait-on jamais, je voulais juste que vous sachiez : je vous hais toujours autant.
Quand je pense à cette magnifique explosion de gaz hier à Lyon, un mort et 38 blessés. Il fallait bien sur que ça se passe justement quelque part où je ne me trouve pas. Y’en a toujours que pour les mêmes. Je suis dégouté. Oui, c’est ça. Et en plus je vais mal !