Génération Déclic
6h40. Le réveil sonne. J’appuie sur le bouton pour mettre fin au signal d’alarme. Clic. Ca commence. Appuyer sur l’interrupteur pour allumer la lumière (du moins pendant l’heure d’hiver). Clic – ça continue. Pour ne plus s’arrêter : un clic pour le rasoir électrique, un clic pour la brosse à dents, un clic pour le sèche-cheveux, un clic pour la machine à café. Une série de clics sur l’ordinateur personnel afin d’aller aux premières nouvelles. Quelques clics pour allumer le téléphone portable. Un clic pour appeler l’ascenseur, un autre pour ouvrir la porte du box qui abrite la voiture, un clic sur la télécommande pour déverrouiller la voiture, encore un pour quitter le garage sous-terrain, éventuellement un dernier pour ouvrir le portail. Ensuite, en fonction de l’activité professionnelle que vous exercez ou pas, ça clique toute la journée. Sur l’ordinateur évidemment. Mais également que l’on soit boucher, caissière, vendeuse, dentiste, assureur ou garçon de salle. Tout n’est que clic à longueur de journée. Sans oublier celui de l’aspirateur, du robot ménager, du four électrique, de la plaque à induction, de la machine à laver, de la centrale à vapeur pour repasser, du lecteur mp3 ou de la télé.
Prenez deux clics seulement de cette liste non exhaustive. Deux de ces clics qui ne fonctionnent pas. Et constatez la gêne, l’ennui, l’agacement, les soucis, les problèmes, la perte de temps que cela occasionne. Notre vie ne dépend plus que du bon fonctionnement de tous ces clics.
Cette situation n’est pas sans me rappeler le livre bien-connu « Ravages » de Barjavel, écrit en 1943. Dans un monde (dit) moderne, tout cesse de fonctionner du jour au lendemain sans que l’on ne sache exactement pourquoi. L’homme se trouve très vite exposé à devoir trouver comment satisfaire ses besoins les plus primaires (manger, boire…) alors qu’il a perdu tous les repères élémentaires. J’ose espérer que Barjavel n’a pas été visionnaire lorsqu’il a écrit ce roman, absolument excellent, à relire ou à découvrir.