N'insistez pas : c'est tout réfléchi...
Parfois je ne sais pas ce qui est mieux : vous détester, vous abhorrer, vous haïr, vous exécrer. Je me dis même que l’addition des 4 verbes ne suffirait pas à exprimer toute la répugnance, tout le dégoût que vous m’inspirez.
La dame âgée de 86 ans (ah si, désolé, à ce niveau moi je considère ça comme âgée) qui habite dans l’appartement en face de chez moi, sur le même palier m’insupporte à un point que vous n’imaginez même pas (n’essayez pas, à part vous faire mal vous n’arriverez à rien).
Hier, alors que je m’apprêtais à dévaler les escaliers quatre par quatre (avec mes chaussures rouges, imaginez un peu), pressé que j’étais pour ne pas dire en retard, la voilà qui sort en même temps que je finissais de fermer à clé à quadruple tour les 3 points de sécurité de ma porte blindée.
Qu’elle ait guetté ma sortie pour m’interpeller à ce moment précis ne m’étonnerait point. C’est souvent ainsi que les « gens » autour de moi m’abordent, par un hasard feint et que je sens bien forcé. Et de me dire :
« - Monsieur Anténor, vous avez l’heure s’il vous plait ? ». Que voulez-vous que je fasse à cet instant précis ? Je ne souhaitais rien de plus au monde qu’elle ait laissé tomber son sèche-cheveux dans son bain, mais je lui répondais un rien pressé, aussi aimablement que je puisse simuler « - pardon ? ». Et de me répondre, sur un rythme pas du tout pressé : « vous comprenez, j’ai 3 pendules mais elles indiquent toutes une heure différente à quelques minutes près ».
Tout Moi Devant que j’ai pu être jusqu’à cet instant de l’humanité, je suis désolé, mais il y a des choses que je ne comprendrais jamais. J’avais envie de lui hurler au visage : « pouvez-vous me dire quelle importance a l’heure à votre âge à 3 minutes près ? ». Comme je ne porte pas de montre, et que je n’allais surement pas fouiller dans ma serviette Hermès à la recherche de mon téléphone portable Goldvish (1 M d’€ pièce, je vous rappelle), j’ai grommelé « il est l’heure pour moi d’y aller ».
Installé à l’arrière de ma limousine, je n’ai même pas salué le chauffeur, tellement irrité que j’étais. Je maudissais les progrès de la médecine : 10 ou 15 ans de vie en plus pour quoi finalement ? Perdre la mémoire et finir par ne plus savoir comment s’alimenter ? Faire la course aux médecins spécialistes pour être certain d’en avoir consulté au moins un dont la vieille idiote du dessous ignorait jusqu’à l’existence ? Encombrer les IRM pour découvrir un amalgame de chair douteux qui n’aurait plus le temps de se développer et de porter à conséquence ? Être la première à la Poste le samedi matin pour acheter 3 timbres à tarif lent et 4 à tarif ordinaire, en insistant pour faire l’appoint en pièces jaunes ? Réveiller votre voisin à 3 heures du matin pour le supplier de vous prêter un peu de sucre, roux de surcroît ?
Parce qu’en plus vous croyez que cette vieille en face de chez moi aura la descence de penser à moi dans son testament ?
Vous êtes tous si laids, si hideux, si abjects. Sans dignité aucune !
Et vous m’écrivez sans cesse pour vous étonner que je ne sache pas vous porter au moins de temps en temps de petites marques d’affections. Vous ne reculez vraiment devant rien.
Collection privée de chaussures rouges avec lesquelles je dévale les escaliers 4 par 4