Le summum de la vulgarité !
Le monde dérive, ça sent l’odeur de la fin. Je ne pensais pas d’ailleurs que ça en avait, une odeur, la fin. Comme quoi, on peut en apprendre des belles jusqu’à la dernière minute. Je n’aurais donc jamais un moment de paix, un moment pour moi, un moment sans rien et surtout une éternité sans vous.
Même ma psy, la docteur Schneider, nouvellement reconvertie en Gestalt thérapeute, et qui est à ma santé mentale ce que la liste de Dieudonné est aux élections européennes semble en ce moment complètement désorientée…
Non mais de quoi se mêle-t-elle ? Non contente de me rabâcher à longueur de séances que les plateaux télé ce n’est pas bon pour ce que j’ai (je parle des émissions où je suis longuement z’interviewé, pas d’un plateau-télé avec des mets gras hormonés), qu’il faudrait que je m’éloigne des soirées mondaines (notamment Cannes cette année elle ne tient absolument pas que j’y aille et encore moins que j’en prononce le discours d’ouverture du Festival), et que je ne pense plus aux Oscars, à la soirée du CRIF, à la garden-party de l’Elysée et tout ça.
Non, elle veut, pardon, elle EXIGE que je devienne plus terroir, plus près de vous, moins Devant, plus derrière en quelque sorte. Moi nu sur le divan de ma psy
Jusque-là, je l’écoutais d’un air faussement attentif, plongé dans mes troubles obsessionnels compulsifs, mais allongé nu tout de même sur son divan. Je disais même « oui, mais bien sûr » à ses demandes insistantes de me ruraliser, à devenir plus « peuple ». A la fin de la séance, faisant semblant d’aller mieux, je lui règlais son dû et je m’inscrivais pour la prochaine fois.
Mais vous n’imaginerez jamais ce qu’elle m’a demandé de faire hier soir ! Non, ne cherchez pas, vous ne trouverez pas. Vous risquez juste un affreux mal de tête en essayant de réfléchir. La Dr Schneider, ma psy m’a demandé d’ouvrir un compte bancaire à la – tenez-vous bien- banque POPULAIRE. Oui, non, enfin je sais : ça vous choque profondément. Vous avez bien lu : POPULAIRE ! Quand on s’imagine que j’ai des comptes ouverts à la Banque du Louvre, à la banque d’Orsay, à la Compagnie Financière Edmond de R., à la Monte Paschi Banque…, à la Princesse Banque of Monaco (souvenez-vous : comme un ouragan…)… pourquoi pas ouvrir non plus un compte au crédit municipal de Lyon ou de je ne sais où ?
Moi, me demander à MOI d’ouvrir un compte à la banque po…., non, je n’y arrive pas. Je ne peux plus répéter ce mot. Et puis demain, c’est quoi : la soupe populaire ? Puis un voyage en bus jusqu’en Chine populaire ? Ensuite m’inscrire à l’université populaire ? Habiter un quartier populaire ? Faire écrire ma biographie par un jury populaire ? Et pourquoi pas instaurer une démocratie populaire au sein de l’Association des Pauvres Mais Travailleurs (APMT) dont je suis le Maréchal-Président à Vie ? M’affilier à l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) ? Présenter mon carnet à un bal populaire ?
Non vraiment, trop c’est trop… Là, je suis abattu… écœuré, terriblement déçu…