Besoin (un peu) de vous !
De là où je vous écris, ma vie n’est pas facile tous les jours. La votre non plus, mais ça m’est complètement égal. Il en est de même pour tout ce qui vous touche, tant que ça ne me touche pas. Ma psy, depuis je ne sais même plus combien de temps, la Docteur Schneider, Gestalt thérapeuthe, et qui est à ma santé mentale ce que le rayon est au diamètre semble avoir bien réussi son dernier coup depuis qu’elle m’a fait admettre ici.
« Le talent du paranoïaque » l’avais-je entendu dire au téléphone « c’est d’avoir un discours parfaitement structuré et convaincant » avant qu’une lourde porte ne se referme sur mon futur immédiat et proche. Il faut absolument que je me sorte d’ici, j’ai déjà loupé le Festival de Kahn il y a peu. Normalement, c’est moi qui aurais dû être de service ce jour là, et je me sens un peu coupable. Victime aussi.
Pour me sortir d’ici, il me faut ABSOLUMENT vos témoignages, et en quatrième vitesse. Dites-moi que je ne vous ai jamais convaincu de rien. Que vous n’avez pas cru à mes histoires de machine à laver, que personne de vous n’a jamais acquis la moindre de mes LAVO1200Speed, qu’il s’agit d’une farce entre gens du même monde, que je n’ai jamais été Moi Devant et vous derrière, que j’adorais les histoires qui se terminent bien (comme Hansel et Gretel par exemple), que rien ne me grattait jamais, que la Rousse n’a jamais existé. Répétez-le : j’ai besoin de vos témoignages, les plus nombreux.
Car je suis guéri. En fait, je n’ai jamais été malade, c’est ça qu’ils ne veulent pas comprendre. Et pourtant il faut que je sorte : un pique-nique mondain m’attend le 13 août à Paris au Château. On m’a fait passer l’information. Et avant cela, la garden party du 14 juillet.
Une infirmière, aux chaussures rouges, qui me veut du bien a oublié un écrit ce matin, pendant qu’elle m’écoutait réciter mes tables de multiplication (*2).
« Anténor est de moins en moins conciliant et son caractère provocateur semble prendre de l’ampleur sans explication aucune. Ses phrases sont courtes et l’expression souvent de nature taquine, voir provocante mais toujours sans sens. Très à l’affut du moindre fait autour de lui, il nous rapporte l’information, pas toujours conforme à la réalité. Il a régulièrement une tendance à exaspérer son entourage. En effet, il questionne à plusieurs reprises sur un sujet dont il connaît parfaitement la réponse. Il lui arrive également, très souvent, d’émettre une fausse information. La réaction qu’elle provoque chez les autres est très vive et sa parole a perdu de sa crédibilité avec le temps.
Serait-ce un moyen pour lui de mieux intégrer l’information ou, plus vraisemblablement, un moyen mal adapté d’entrer en relation ? nous ne comprenons pas toujours les réactions d’Anténor qui sont souvent mal adaptées ou gauche. Il est fort probable que nous surestimions ses capacités réelles.
Anténor révèle une formidable preuve de volonté et de débrouillardise. Il est autonome au niveau de l’habillage et peut choisir seul ses vêtements (tous rouges) ; une supervision est nécessaire pour freiner ses abus. L’hygiène dentaire s’est améliorée : nous réussissons à lui brosser les dents le soir (pâte rouge, pas de blanc surtout) afin de préserver son autonomie le reste du temps.
Anténor n’a pas de copain (e) attitré(e). Il lui arrive de rejoindre Matthieu, un camarade, dans sa chambre pour feuilleter des prospectus de matériel électroménager. Lors du repas, il est toujours aux petits soins envers Jean. Mais ses intentions sont perçues par ce dernier, à juste titre, comme du harcèlement.
Les relations avec les autres est le domaine problématique majeur d’Anténor. Son attitude et sa façon d’aborder les autres lui posent de graves problèmes. Toujours provocateur, il ne cesse d’attirer l’antipathie autour de lui. De moins en moins disposé, il réagit régulièrement de façon effrontée ou boudeuse.
Anténor est très sensible à la buanderie. Il est continuellement à la recherche d’un moyen d’y aller. Un jour, à l’abri des regards, il a vraisemblablement tenté de lancer une lessive.
Objectif à court terme pour Anténor : continuer les soins des pieds avec l’appareil de pédicurie ».
Vite, vos témoignages, je vous dis ! ce sont des débiles, ici !