Anténor ne vous a pas encore tout dit...

Publié le par antenor

Il peut être moltonel, gaufré, en une couche, en épaisseur quadruple, au PH humide, avoir une sensitivité soft and fresh, en trèfle, résistant aux mains rugueuses et aux régions arides, de toutes les couleurs, sentir la lavande, le citron ou le pamplemousse… Rien n’y fait : je ne vous ai pas encore tout dit. Je n’ai même pas encore réussi à en parler au Dr Schneider. Mais il faut que je vous en parle, à vous, la grande masse gluante et transgenre de mes lecteurs pauvres mais travailleurs.
Oui, je dois également avouer cette phobie : j’ai honte d’acheter du papier toilettes. C’est bien pire que cela : ce n’est pas que j’en ai seulement honte c’est que je n’y arrive pas. Dans ma grande surface préférée (Super U pour ne pas la nommer), j’arpente pendant des heures le rayon « hygiène » en ne regardant même pas le dit papier tellement je suis dans l’embarras. Honte de ce que pourrait penser une personne que je connais et que je croiserais par hasard juste au moment où je prendrais un paquet de « 4 rouleaux+1 gratuit », honte de ce que pourrait penser la bouchère qui m’imagine en train de déféquer le steak qu’elle est en train de me couper tout en lorgnant la marque de PQ, honte de devoir poser le paquet des « 4 rouleaux+1 gratuit » sur le tapis roulant et d’attendre qu’il ait effectué ce trajet infini d’1,50 mètre, avec la cliente devant moi me regardant dans les yeux, et le client derrière moi qui se moque parce que j’expose au vu et au su de tout le monde ma marque de papier toilettes préféré. Honte du concierge me voyant rentrer des courses avec un paquet de « 4 rouleaux roses+1 gratuit » sous les bras. Alors, j’arpente, et j’arpente le rayon. Pour me calmer, je change de linéaire et je fais une pause à celui des détergents. Je connais par cœur les consignes de lavage et les composants de la vingtaine de lessives, liquide, en poudre ou en capsules. Et je retourne au rayon hygiène. J’y reste jusqu’à la fermeture. Même là, je n’ose toujours pas, car un des clients retardataires pourrait être une de mes connaissances. Et même si je ne suis pas reconnu. N’importe qui peut voir que j’achète du PQ, donc que je « trône » de temps en temps, donc que je suis obligé de faire comme tout le monde. Ca ne m’arrange pas : imaginez-moi à Cannes 2006, un inconnu révélant dans Voici « je l’ai encore vu hier soir, acheter son PQ au Super U de … ». Alors je quitte, souvent le dernier, le Super U. Avec juste un pack de 4 yaourts nature dans mon caddie immense. Je regrette le temps où l’on se servait des feuilles de platane dans une époque lointaine (alternativement pour varier le plaisir : des feuilles de houx… hummmm), ou des feuilles de journaux dans la petite cabane au fond du jardin avec un cœur sur la porte, des mouches et des araignées.
Alors je vole ce papier précieux. Dans les endroits publics, je vide les rouleaux pour en remplir mes poches. Mais souvent la qualité est bien piètre. Et comme je ne souhaite idéalement que du 4 couches, je suis obligé de superposer plusieurs feuilles, et de les coller (j’ai essayé les agrafes, mais j’ai vite arrêté). Ca me prend un temps fou. Je vole du papier toilettes également chez mes amis, enfin, ce qu’il m’en reste : des connaissances. Mais ils ont du s’en rendre compte. Car dès que j’arrive chez eux (les rares fois où ils m’invitent), je subis leurs sarcasmes : « ne prends pas cet air froissé » quand je quitte leur cabinet de toilette où par le plus grand des hasards il n’y a jamais de papier toilette disponible. Alors, je reste tard le soir au travail. J’essaie de repérer où les femmes de ménage localisent leur stock de papier toilettes. Pendant qu’elles passent l’aspirateur, je subtilise un rouleau de 50 cm de diamètre, mais difficile de quitter le travail avec çà les vigies martiniquais faisant le gué à la sortie. Je pourrais bien sur le commander sur internet, mais je n’ose pas imaginer la tête du livreur haussant le ton exprès dans le couloir devant les voisins en train de rentrer chez eux : « c’est pour vous la demi tonne de PQ ? »  Je pourrais évidemment suivre les recommandations du coran et utiliser de l’eau. Mais je suis tellement maladroit, et si peu contorsionniste que je suis certain d’en mettre à peu près partout sauf là où il faudrait.

Ainsi donc, si vous connaissez cette même phobie, de grâce je vous en supplie : contactez-moi et donnez moi vos solutions. J’affronterais pour cela les quolibets des cassandres, en les laissant utiliser leur papier recto verso régulièrement déchiré par des doigts au geste si peu contrôlé… Vivement que nos petits coins soient équipés d’un karcher…

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G
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F
Allez, courage ! Tu n'es pas au bout du rouleau....
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N
Dans le même genre que les lingettes pour bébé, y a toujours les couches, en dernière option. Pis ça fait toujours de l'effet de faire dépasser l'élastique Winnie l'Ourson du pantalon.
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A
ce n'est pas une phobie, c'est parfaitement normal... Tous les dirigeants à hautes responsabilités sont coupés des réalités, les affronter parfois leur fait donc peur... Chirac en fait autant... une seule solution, pour apaisser cette psychopathologie : la démission... où alors l'interdiction de la vente du PQ...
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A
pour l'instant, à cause de gens comme toi, je suis surtout coupé de cotisations... et ça me manque cruellement...
A
Et tu n'as pas honte quand tu doit déposer un tube de vaseline et les paquets de 24 capotes goûts orange, fraise, banane sur le tapis de 1.50m..??<br /> cochon !!!
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A
bah, comme je vais toujours à ta caisse...