Je vous en sers un bien frappé !
Oui, je l’avoue : j’ai la faiblesse de vous lire. En même temps, je vous rassure. Ca ne m’arrive pas trop souvent. Car après vous avoir lu, l’envie de recommencer me passe. Mais je finis par oublier pourquoi je ne vous lis plus, puis je reviens vous voir et là : tout me revient, en même temps qu’une nausée irrésistible. Tout cela pour vous dire quoi au fond : vous n’arrêtez pas de vous plaindre. Si, tout de même. Surtout quand vous êtes en panne d’inspiration. Alors vous dévoilez vos petits trucs de comment faire un billet quand même. Sincèrement : vous feriez mieux de ne rien dévoiler du tout. Cela ressemble un petit peu à de l’énurésie intellectuelle. Quand même. Que devrais-je dire, Moi ? (Et finalement, c’est à ce stade que ce billet prend de la valeur, notez l’emphase). Je dois me contenter d’une petite machine à écrire mécanique avec un ruban noir/rouge pour écrire mes billets. Impossible de choisir la police de caractères. Pour l’écriture en gras, il faut retaper par-dessus la première frappe. Impossible de corriger proprement ses fautes de frappe sauf avec une feuille de tip-ex, à condition qu’elle ne soit pas trop usée. Impossible de centrer facilement ses titres, absolument impossible de justifier le texte. Quand le rouleau d’impression en tissu rouge/noir est au bout, on est obligé de le rembobiner soi-même pour une seconde utilisation (et on en a plein les mains). Et puis surtout : pas de copier, pas de coller. Non, je n’ai pas la vie facile ici où j’habite. Vous savez, on manque de tout. Au début quand je suis arrivé, j’avais demandé un dictaphone et une de ces secrétaires en blouses blanches qui se promènent partout. Impossible d’en avoir une, ne serait-ce qu’à temps partiel. Chaque billet que vous lisez représente une montagne de travail. Une fois entièrement rédigé à la main (comme ça je peux gommer et raturer), je le tape à la machine à écrire en deux exemplaires (avec un papier carbone entre deux feuilles). Puis, je le photocopie. Ensuite je le scanne. Puis je le saisis sur mon ordinateur. Mais heureusement Coin-Coin et sa fille Coin me tiennent compagnie. Un peu comme des muses. Et quand mon inspiration bat de l’aile, elles font ce qu’elles peuvent afin que je vous ponde quelque chose de correct. L’autre jour, une de ces idiotes en Blanc-qui-ne-veut-pas-être-ma-secrétaire a essayé de me prendre Coin-Coin et Coin sous prétexte de je ne sais quel risque d’allergie. Je l’ai immédiatement mordue. Peu de temps après, on m’a donné une piqûre, j’ai dormi trois jours. Ce n’est pas grave : je recommencerais s’il le faut. Non, mais !