Peur, tout simplement peur !
En ce moment, je ne sais pas ce qui m’arrive, mais j’ai peur. Très peur. Un peu comme si je tenais le 1er rôle d’une histoire sur le point de mal se terminer. Et on sait comment se terminent les 1er rôles d’une histoire qui se termine mal : mal justement. Ca serait embêtant pour vous, de perdre celui qui vous guide dans vos vies mornes et fades et qui n’a de cesse de faire ce qu’il peut pour vous élever.
Mais ne nous occupons pas de vous, vous êtes bien plus nombreux que Moi. Si l’un d’entre vous venait à disparaître nous le remarquerions à peine. Alors que si Moi je disparaissais, le drame serait d’un autre niveau.
Ainsi, un rien me fait peur en ce moment. Autant dire que tout me fait peur. Pas tant de traverser une route ou que de dévaler les escaliers le matin quatre à quatre avec mes nouvelles chaussures rouges. Évidemment j’ai toujours cette peur idiote de me faire mordre subitement par un cheval, chez le coiffeur, au Super U, ou dans la salle d’attente de mon pédicure. Mais ce n’est pas que ça !
J’ai peur d’allumer ma machine à laver pour lancer les lessives. J’ai peur que ça pourrait ne pas fonctionner. Bien que pour l’instant ça ne soit pas encore arrivé, normal avec une LAVO1200Speed Méta. Alors j’appuie sur le bouton, la machine se prépare à démarrer la lessive et puis j’éteins. Je me dis que c’est peut-être la prochaine fois que la lessive pourrait ne pas démarrer. Alors je rallume. Et ça remarche. Je réteins. Et je rarallume. Pour réréteindre. J’attends un peu. Et j’allume à nouveau ! (non je ne rararallume pas, c’eut été trop prévisible).
J’ai peur également d’aller aux séances de Gestalt-thérapie de ma psy, la docteur Schneider, si, rappelez-vous, elle est à ma santé mentale ce que le rapport Balladur est à la réforme des collectivités. Je suis tellement anxieux que je commence à me déshabiller dans la salle d’attente. Nu, mais nu seulement, j’ai constaté que j’éveille beaucoup de curiosité chez les femmes et énormément d’intrique chez les hommes. Si ce n’était que ça ! C’est que cette idiote me pose des questions tellement tourmentées que quand je donne les réponses idoines, cela engendre chez elle une nouvelle salve de questions qui ouvrent un champ de problèmes encore plus vastes que ceux que je viens de résoudre.
J’ai peur de ne plus haïr les chats. Je le rêve déjà : je caresse des chats, je deviens leur ami, pire : j’en adopte même plusieurs. Des qui perdent leurs poils à chaque mouvement, vous savez style Mohair. Quelle horreur, non mais quelle horreur.
J’ai peur évidemment d’être Moi moins Devant et vous plus près derrière. C’est une drôle de sensation. Ca m’est arrivé l’autre jour au Super U alors que je faisais le rang à la caisse n°6. Une sensation douloureuse subite sans délai de prévenance : le bas d’un Caddie dans mes talents, pardon, talons. Oh putain de nom de dieu de salope de la race de sa mère : ça fait mal. J’ai perdu 27 années d’éducation péniblement acquises dans mes soirées mondaines d’un coup tellement j’ai injurié pendant 30 minutes la trainée qui m’a fait ça. Sans compter qu’elle a éraflé mes chaussures rouges toutes neuves.
Je suis plein d’inquiétude devant cette peur. Voire même de crainte, oui je peux le dire. Peur que cette peur me quitte d’un coup comme elle est venue. Alors que je me suis pratiquement habitué à elle maintenant.
Non, mais ça va mal se terminer, avec la malchance que j’ai ! Vous voyez cette banane ? et bien j’ai même peur d’elle…