au secours, ils reviennent !
Mon Dieu ! Pour l’instant, tout va bien. Nous sommes entre-deux-vagues. La première saison n’a pas encore fini de déballer les valises, et la deuxième saison vient à peine de partir. Nous avons quelques jours de répits. Mais après : plus aucune chance ! Les vacanciers seront de retour. Nous allons être assaillis par d’innombrables photos de vacances, et des heures de souvenirs. Sans parler des bibelots « qu’on-t’a-ramené-parce-qu’on-a-immédiatement-pensé-à-toi-quand-on-l’a-vu ».
Le Super 8 (pour les plus jeunes d’entres vous : il s’agit de la caméra moderne de la fin des années 60 et des années 70, lorsque le mot numérique n’existait même pas encore vraiment) avait comme avantage non seulement d’être réservé à une certaine catégorie sociale mais aussi d’être limité dans le temps. Ont suivi les films sur des cassettes vidéo mais qui n’ont réussi au mieux qu’à alimenter des émissions comme vidéo-gag. Si pendant une heure vous souhaitez vous vautrer dans le pathétique pur, alors je vous autorise à regarder cette émission, dut-elle encore exister (je ne regarde pas la télé). Regarder un reportage vidéo d’un caméraman amateur relevait du plus pur exploit : des plans hyper saccadés, Louxor et Tout-En-Camion en 37 secondes, le vent qui soufflait dans le micro de
Il ne faut pas oublier la période des séances de projection de diapositives : l’avantage était que l’on pouvait s’accorder une petite sieste au fond de la salle lorsque l’ennui était tel qu’il aurait fait bailler une bouche de métro…
Malheureusement, tout cela relève du passé désormais. Car maintenant, tout un chacun a son appareil photo numérique lui permettant de prendre des centaines de clichés et des clés USB pour les stocker. Vous pouviez toujours prétexter un malaise vagal le soir où vos amis vous invitaient chez eux pour compulser une tonne de photos mais c’est fini (« et alors, est-ce que tu te souviens de celles de l’année dernière ? Noooooon ? Tu ne les avais pas vues ? Elles sont exceptionnelles… »). Maintenant im-po-ssi-ble d’y échapper. C’est qu’ils rusent : ils vous appellent, vous demandent s’ils peuvent passer en coup de vent jeudi soir et là ils débarquent avec leur clé USB. Evidemment, vous n’avez pas pensé à infecter votre ordinateur d’un virus, à boucher les ports USB avec de la pâte à crêpe, et vous veniez de vanter la rapidité d’affichage de votre nouvel ordinateur portable dernier cri juste avant leurs vacances. Ca vous apprendra ! De toutes façons, vous ne pouvez rien y faire : même si vous ne travaillez encore que sous DOS, ou même si vous ressortez votre Commodore 64 en le branchant à la télé pour prouver qu’il n’y a que le Space Invader qui fonctionne, vos amis auront le dernier mot. Ils sont au courant, et c’est pour cela qu’ils ont pensé, eux, spontanément, à venir avec leur ordinateur portable à eux, dernier cri, hyper rapide etc. blabla. Encore, ils vous montreraient autre chose qu’une des 7 merveilles du monde (vous y êtes déjà allé plusieurs fois bien avant eux), les plages croates débordantes d’allemands tout blancs (c’était il y a 7 ans qu’il fallait y aller mes chéris), la 15è année consécutive de camping à Sainte-Marie-En-Mer (rien à foutre), les photos définitivement trop sombres de la grotte de Rocamadour, de Lascaux ou de la Cocalière à Courry (« et alors, là, bon c’est un peu sombre, mais si tu regardes bien, si si ! Regarde tu verras ! )…
Alors, pour la fin du mois d’août, je prévois de me barricader. Je me fais rare et discret, je prends un air pâle des grands jours, je garde un air absent. J’ai débranché la sonnerie de la porte d’entrée, je ne réponds plus qu’aux SMS mais c’est décidé : cette année ils ne m’auront pas.