Antenor met le paquet !
Comme tout le monde, enfin non, pas comme tout le monde… Je recommence : comme moi, quand j’étais petit, je rêvais de devenir Quelqu’un ! Résultat ? Beaucoup d’années ont passé (n’insistez pas, je ne dirais pas combien), et qui suis-je devenu ? Personne ! Enfin, non, ce n’est pas la bonne question. Ce serait plutôt : que suis-je devenu ? Et la réponse est tout aussi pathétique : Rien. Je ne suis rien devenu..
Alors je me pose des questions. Pourquoi ? Peut-être aurais-je du être précis, au début, quand je formulais mon souhait, de devenir quelqu’un.
Cela fait des années que j’en parle, entre autres, allongé nu, sur le divan de ma psy, à la docteur Schneider, nouvellement Gestalt-thérapeute et qui est à ma santé mentale ce que la truite est à l’étage du poissonnier. Elle ne comprend pas que j’ai pu être en dissonance permanente entre les « sois un homme » de mon père, et les « ne parle pas aux hommes que tu ne connais pas » de ma mère.
Comment vouliez-vous que je m’en sorte ? Comment voulez-vous que la Docteur Schneider m’en sorte ? Voulez vous que je la sorte ? Qui m’en veut de la sorte ?
La Docteur Schneider, donc, a décidé de reprendre les choses en mains. En tous cas, en ce qui me concerne. Tout d’abord, lors de notre dernière séance, où je vous répète que j’étais allongé nu sur son divan (ce détail est d’importance pour ce qui va suivre), elle regardait dans le vague. Puis elle me dit : « C’est la règle de la continuité, le dualisme, puisque tout est proportionnel dans la vie ». J’étais surpris car je commençais à comprendre ce qu’elle était en train de me dire et à réaliser qu’elle avait après tout raison.
C’est quand elle s’est retournée sur moi, et qu’en se penchant au-dessus de la partie la plus suspecte de mon anatomie (je suis encore nu à ce moment-là, retenez-le bien, c’est important pour la suite) et la scrutant sans la quitter des yeux ajouta : « plus grande est la beauté, plus profonde est la souillure », citant ainsi, sans le vouloir probablement, Georges Bataille.
Elle sortit un catalogue de son tiroir, maugréant un « bon sang, mais c’est bien sûr » ou similaire, le feuilleta, en arracha une page, me la tendit tout en me détachant et me dit : « vous savez ce qu’il vous reste à faire. J’ai honte pour vous »…
Payer des années de psychothérapie négative, moi qui ai suivi tant de stages de resculpturation corporelle, pour en arriver là...