Nuit de pleine lune !
Je ne sais pas où vous étiez tout ce temps, mais moi non plus, et surtout cela ne m’intéresse pas. Ne croyez pas que ce soient vos lamentations pitoyables du style « où es-tu » (on dirait du Marc Levy, quelle vulgarité) ou encore « reviens » (on se croirait dans une pub de TF1, quelle bassesse d’esprit) qui soient à l’origine du présent billet. J’ai cru tout d’abord qu’à force d’être Devant, je sois trop devant mais non : c’est vous qui avez ralenti. Vous étiez encore plus derrière moi que d’habitude. Vous m’étonnez que vous n’ayez pas été capables de capter les hauteurs de vue auxquelles je me suis livré pendant tout ce temps.
Finalement, et malgré le temps qui passe, rien ne change : vous me dégoutez toujours autant, et je vous le rends bien en ne vous méprisant pas moins que d’habitude. C’est qu’avec tout ce silence autour de moi, j’ai beaucoup réfléchi à vous. Mais rien n’y a fait : ça revenait systématique à réfléchir sur moi. Une expression parfaite de la reviviscence en quelque sorte : je pensais à vous et en fait je m’occupais de moi. Vous me direz : au moins, je ne vous oubliais pas. Vous oublier ? Comment pourrais-je ? je suis au bord de l’épuisement émotionnel, du désarroi identitaire (et ça ce n’est pas bon par les temps qui courent). Pour combler le tout, je donne des signes d’effondrement majeurs.
Il ne me semble jamais vous l’avoir dit : lorsque je sors des consultations de chez ma psy, enfin qui est devenue Gestalt-thérapeute entre-temps sans que personne ne sache pourquoi ni que quelqu’un le lui ait demandé, je veux dire : ma docteur Schneider, qui est à ma santé mentale ce que Sarah Palin est à Ségolène Royal… donc quand je sors de chez elle, je ressemble au plus humble d’entre vous : c'est-à-dire je ne ressemble à rien. Et puis ça ne dure jamais longtemps. Il suffit, au pire, que je passe quelques minutes dans une file d’attente à la Caisse de mon Super U. C’est au plus tard à ce moment-là que les pensées amoniachacales et chlorydésertiques me reprennent. Et que ça recommence à me gratter. Je peux aller tellement mal que je me dis que je suis la Cause Dernière (pas derrière, imbéciles !), et que si tout va si mal ces jours-ci c’est à cause de moi.
De la science friction à l’état pur, je vous dis !
Des heures durant, je peux m’interroger sur le pourquoi. Oh non : pas pourquoi vous, pas pourquoi la misère, pas pourquoi le peuple a-t-il tort, pas pourquoi la mort. C’est bien pire : pourquoi ¼ + 1/3 font-ils 1/6è et non pas 1/7è ? Ne vérifiez pas, je ne vous mens pas sur ce coup-là. Tout serait tellement plus simple.
La politesse exigerait que je vous demande : « et vous, ça va depuis tout ce temps ». Ou bien serait-ce la Gestalt-thérapie qui me ferait vous poser cette question ? mais ce ne serait pas moi. Je ne veux surtout pas vous entendre dire « bien, bien… », je me sens un peu faible en ce moment, je ne suis pas certain de pouvoir supporter deux déceptions le même jour.
Alors oui, je préfère vous le signaler, j’ai choisi ce soir de pleine lune pour revenir. Drapé dans un halo de mystère, emminiqabé d’un rien de providence : il vaut mieux que je vous prévienne : nous fonçons en ligne directe vers 2012, et ça va très très mal se passer. D’ici-là, nous aurons le temps de vous présenter encore quelques modèles révolutionnaires de machines à laver à chargement frontal, type LAVO12°°Speed car autant que tout soit propre et repassé quand on fermera la boutique ici…
Faut que je vous laisse, il est l’heure de mes … enfin de ma … vous ne pouvez pas comprendre. À plus tard dans votre vie, mais surtout dans la mienne.